« Tous les matins du monde sont sans retour »
Pascal Quignard


J’ai commencé à photographier dès l’enfance, en débutant avec un Instamatic de poche.
Grand amateur de nature, j’ai voulais garder une trace de la vision furtive du cerf ou du blaireau entre-aperçus en forêt de Rambouillet où j’habitais alors.

Depuis ce jour, je n’ai jamais cessé de faire des photos –argentiques jusqu’en 2005 puis numériques - passion que je poursuis en parallèle de mon activité professionnelle, notamment dans le domaine de l’éducation et de la formation à l'environnement, à Grasse (Alpes-Maritimes, 06).
Pendant les prises de vue, je chemine en compagnie des gravures de Gustave Doré, d’estampes, de calligraphies et de haïkus japonais, du livre "L’eau et les rêves" de Gaston Bachelard, des photographies de Keith Carter, Sally Mann ou Michael Kenna, des oeuvres de land art de Nils Udo ou d’Andy Goldworthy…

Mes photographies travaillent souvent l’idée de mirage et de « bascule » vers d’autres réalités : il se pourrait que cette branche soit un bois de cerf, que ce cheval soit une licorne, qu’une inconnue se transforme en fée, portée par le vent … C’est cette passion pour ces «mondes flottants» qui m’a amené à photographier également les reflets des rivières : changeants, lumineux ou inquiétants, ils prennent tour à tour l’apparence de métaux et de vitraux précieux, de replis soyeux, de peintures impressionnistes où le regard perd ses repères et s’engloutit.
Autre grande source d’inspiration, les arbres, dont les troncs rectilignes et les courbes me touchent profondément.
Ces traces captées sont toujours réelles, je ne fais jamais de retouches qui transformeraient la vision originale, mon travail d’interprétation des images se limitant dans l’intensification légère d’un contraste, d’une couleur, d’une lumière ou dans leur conversion en noir et blanc... je m'autorise, parfois, à retirer un petit élément qui perturberait la lisibilité de l'image.

 Au final, je cherche à traverser "le Pont flottant des songes" !


Texte écrit à deux mains, par Laura et Bernard Cuissard,
juillet 2020, pendant et après le confinement



« Je m’intéresse à la lumière de la lune, au vent, aux étoiles et aux cycle des marées. Le vent, distraitement, caresse toutes les limites du monde. La lune pousse la vague au bout du chemin et nous fait entendre le bruit de la mer. La nuit nous offre un ciel profond qui fait réapparaître le temps passé et nous rappelle ce que l’on a perdu et ce qui est oublié »
Yun-soo Kim, artiste coréenne

 

                                              Merci à Laura pour ce texte, à Valérie pour son soutien sans faille, pour cette aquarelle d’homme-arbre                                     

       et à Muriel pour ce dessin d’homme-cerf